Skeyes condamné pour discrimination fondée sur l’âge

2 Décembre 2019

Le tribunal du travail de Bruxelles a condamné le contrôleur aérien Skeyes (ex-Belgocontrol) pour discrimination fondée sur l’âge. L’entreprise refusait d’inviter des candidats de plus de 25 ans à des entretiens d’embauche. Le juge interdit l’utilisation de cette limite d’âge. Il accorde une indemnité à sept candidats contrôleurs aériens qui ont été refusés en raison de leur âge. Unia s’est adressé à la justice après que ses tentatives pour résoudre le problème à l’amiable n’aient pas abouti. 

« Selon l’entreprise, la sécurité du trafic aérien au-dessus de la Belgique serait compromise si elle engageait des candidats de plus de 25 ans. Leurs performances cognitives feraient défaut, affirme l’entreprise. Pour Unia, Skeyes n’apportait pas la preuve de cette affirmation. Le juge a dès lors estimé que la limite d’âge est illégale », explique Patrick Charlier, directeur d’Unia. 

Indemnités et astreintes 

« Unia a contacté l’entreprise pour lui demander la raison à cette limite d'âge. Cette raison ne nous a jamais été fournie de manière convaincante. Et comme nous estimons que personne n’est au-dessus des lois, nous avons porté l’affaire devant la justice », ajoute Patrick Charlier. 

L’entreprise doit maintenant payer des dommages et intérêts équivalents à six mois de salaire à sept candidats contrôleurs aériens qui ont été refusés sur base de leur âge. « De plus, si Skeyes maintient sa limite d’âge, il devra payer une astreinte de 500 euros par jour », lit-on aussi dans le jugement

Sous-estimer le problème 

La discrimination fondée sur l'âge est un problème qui a longtemps été passé sous silence. « C'est encore souvent socialement accepté de traiter les gens différemment en fonction de leur âge. Parfois c’est justifié et même prévu par la loi. Mais dans de nombreux cas, c’est une mesure arbitraire, ce qui est interdit par la loi. Ce jugement en est une illustration. Un employeur ne peut pas refuser des candidats juste parce qu’il a des préjugés liés à leur âge », précise-t-on à Unia.   

Augmentation des signalements 

Bien que le problème soit resté longtemps sous le radar, Unia ouvre de plus en plus de dossiers comportant une possible discrimination fondée sur l'âge. « Nous avons constaté une augmentation de près de 35% en 2018 par rapport à la moyenne des cinq années qui précèdent. Nous lions cette augmentation à la couverture médiatique de la problématique. L'an dernier, nous avons enregistré 152 dossiers portant sur une discrimination fondée sur l'âge, dont 78 concernent des problèmes sur le marché du travail, principalement dans le cadre d'une procédure de recrutement. 44 dossiers concernaient des clients de compagnies d'assurances ou de banques désavantagés en raison de leur âge », précise Patrick Charlier.  

Pour Unia, il est important de braquer les projecteurs sur la discrimination fondée sur l’âge. « Les personnes qui rencontrent une discrimination de ce type peuvent les dénoncer auprès d’un avocat ou d’un syndicat », ajoute-t-on à Unia.