Publicité GAIA : avis remis par le Centre
L’avis suivant a été rendu par le Centre et communiqué aux parties qui ont introduit un signalement relatif à la récente campagne de GAIA (spot radio octobre 2013).
Sur le fond d’abord, sensibiliser, mener un combat pour l’étourdissement des moutons avant leur mise à mort ne pose aucune difficulté, c’est honorable et légitime et certainement pour une association dont l’objet social est le bien-être animal. Que cette campagne soit menée juste avant la fête du sacrifice est justifié puisque c’est à ce moment-là que la question se pose.
D’un point de vue juridique, deux éléments doivent être examinés :
1. Quant à la référence à la déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale vers les camps de la mort. Que ce soit voulu ou non, le spot fait référence, de manière implicite à la déportation. L’anthropomorphisme constitue-t-il une minimisation grossière (ce n’est ni une approbation ni une justification) du génocide au sens de la loi négationnisme ? Si l’on prend en compte la jurisprudence de la Cour Constitutionnelle (à l’époque Cour d’arbitrage) et le dol requis (l’intention n’est pas certaine, elle est en tout cas contestée par GAIA), il n’est pas question de violation de cette disposition. De même, aucun élément ne permet d’interpréter ce spot comme une incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination à l’égard des juifs.
2. Il y a un deuxième élément qui a été moins mis en avant, mais qui mérite que l’on s’y arrête. Le mouton parle (en français ou en néerlandais) et il dit « ils se sont mis à nous crier dessus dans cette langue que personne ne comprend… ». Implicitement, cela peut être compris comme musulmans = étrangers. Cela peut participer à l’image que l’islam est quelque chose qui « nous » est étranger. Mais ici aussi, c’est implicite et interprétatif, et il n’est pas possible d’en tirer la conclusion que l’on se trouverait face à une forme d’incitation à la haine, à la violence ou la discrimination à l’égard des musulmans au sens de la loi antidiscrimination.
Au-delà de l’analyse juridique et sur le plan de la forme, le Centre tient également à communiquer ce qui suit :
1. Utiliser des faits comme la déportation ou le génocide pour mener des campagnes de publicité ou de sensibilisation (pour des causes qui n’ont rien à voir avec cela) est particulièrement périlleux et est susceptible de provoquer des dommages (moraux) auprès de certaines personnes ou certains groupes de personnes. C’est leur manquer de respect.
2. Mener une campagne pour l’étourdissement préalable des moutons avant la fête du Sacrifice est honorable, mais plutôt que de se mettre dans une position de polarisation (« eux » et « nous ») et de provocation, n’eût-il pas été plus efficace et pertinent de le faire avec la communauté musulmane ou certains de ses représentants ?
Si cette campagne n’est pas illégale, nous pouvons exprimer de nettes réserves sur le procédé. Elle a pourtant atteint son objectif : provoquer la polémique, en faire parler et donc obtenir une couverture maximale pour un investissement minimal. C’est pour ne pas participer à cela que le Centre s’est refusé à communiquer ou réagir pro-activement dans ce dossier.
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