Procès Blood and Honour Vlaanderen: organiser des concerts neonazi est punissable

9 Mars 2011

Ce mercredi 9 mars, le tribunal correctionnel de Furnes a condamné trois personnes ayant participé à l'organisation de concerts de Blood and Honour Vlaanderen à trois mois d'emprisonnement (avec sursis pour deux d'entre eux).

"Ce jugement est important", estime Edouard Delruelle, directeur adjoint du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, "dans la mesure où le tribunal a estimé à juste titre que la loi antiracisme interdisait l'organisation de tels rassemblements."

Le procès concernait l’organisation d’un hommage aux "héros SS", d’un concert néonazi (Bellegem/Courtrai, 2008) et d’un concert en mémoire de Ian Stuart Donaldson, le fondateur britannique de Blood and Honour (Dixmude, 2008). Le concert à Bellegem a été filmé en caméra cachée par le journaliste d'investigation allemand Thomas Kuban. Son reportage a ensuite été diffusé dans le magazine d'information de la VRT "Koppen". A Dixmude, ce sont des policiers en civil qui ont constaté les faits. Suite à ces deux événements, le Centre a demandé à la police et au Parquet de dresser les constats nécessaires.

Il en est ressorti que ces concerts programmaient exclusivement des chants racistes, voire purement négationnistes, et étaient essentiellement destinés à recruter de nouveaux membres et à récolter des fonds pour Blood and Honour. Le public y était incité à la haine, à la discrimination et à la violence envers les personnes d'origine étrangère.

Le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme s’était constitué partie civile sur base de l’article 22 de la loi antiracisme qui condamne l'appartenance à « un groupement ou une association qui, de manière manifeste et répétée, prône la discrimination ou la ségrégation, ou lui prête son concours ».

Le Centre est satisfait de ce jugement: "Le Centre a toujours plaidé pour que la police et la justice effectuent les constats nécessaires lors de concerts racistes", a précisé Edouard Delruelle. "La police a dans cette affaire accompli un travail remarquable qui a pu aboutir à la condamnation des coorganisateurs des concerts par la justice". Le juge a encore estimé que ces incitations à la haine et à la violence constituaient une atteinte à la dignité humaine contre laquelle la société devait se défendre.

Ce jugement montre que la loi antiracisme est un instrument efficace pour poursuivre les individus participant à l'organisation de tels concerts et devrait avoir un effet dissuasif.