Tout d’abord, cet outil de mesure a pour objectif d’identifier la position sur le marché du travail des différents groupes de personnes d’origine belge, européenne ou non-européenne. Il permet de confirmer de manière indéniable l’hypothèse selon laquelle la position des travailleurs sur le marché du travail dépend, notamment, de leur nationalité ou nationalité d’origine, reflétant une ethnostratification de ce marché.

Ensuite, il s’agit d’un rapport qui se base sur les données exhaustives issues du Registre national et de la Banque Carrefour et non pas sur base d’un sondage ou d’un échantillonnage.

Enfin, pour la première fois, les statistiques prennent en compte non seulement la nationalité, mais également la nationalité d’origine des travailleurs et de leurs parents. Ni les responsables politiques, ni les spécialistes ne disposaient de données correctes sur la position socio-économique des Belges de la deuxième ou troisième génération issus de la migration, sauf pour quelques données fragmentées et incomplètes. Le rapport actuel confirme et affine l’hypothèse selon laquelle ces groupes seraient confrontés à des obstacles structurels, qui sont à la fois liés à la structure de notre marché de l’emploi et à des discriminations directes ou indirectes. En effet, on observe une sur ou sous-représentation systémique de certaines catégories de travailleurs d’origine étrangère dans différents secteurs. Par ailleurs, le Monitoring montre que pour ces catégories, il y a des risques accrus de chômage, une répartition inégale des statuts, des niveaux de salaires et des régimes de travail.

Convaincu que l’augmentation de la participation proportionnelle à l’emploi ne sert pas uniquement l’intérêt des minorités, mais renforce l’économie en générale, le Centre souligne l’importance de la mise en évidence de la stratification du marché du travail, afin d’aborder les acteurs du marché de l’emploi de «manière plus efficace, plus ciblée et surtout plus informée». Avec insistance, nous invitons donc tous les acteurs concernés à prendre connaissance de ces nouvelles données et à se pencher sur les obstacles potentiels que rencontrent les personnes d’origine étrangère sur le marché de l’emploi, en vue de traduire ces constats en politiques et actions concrètes.

A l’aune des résultats du Monitoring socio-économique, le Centre souhaite, en outre, mettre deux recommandations en évidence. Premièrement, afin de favoriser l’insertion des personnes d’origine étrangère sur le marché du travail, il est indispensable que les acteurs politiques du Fédéral, des Communautés et Régions mettent en place ou renforcent les politiques en matière de diversité. L’adoption de l’arrêté royal permettant la mise en place d’actions positives devrait ainsi être adopté. Deuxièmement, des mesures doivent être prises, dès aujourd’hui, pour assurer la pérennité de l’outil Monitoring, sa  valorisation se trouvant, en partie, dans son potentiel de comparaison dans le temps et dans l’approfondissement ultérieur des données récoltées. 

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