Le racisme n’est jamais banal

12 Mai 2006
Critère de discrimination: Racisme

Le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme est profondément choqué par les événements intervenus hier à Anvers et exprime toute son émotion à la famille et aux proches des victimes. Le Centre est inquiet de la multiplication de faits de violence, apparemment gratuite, qui ont été rapportés ces dernières semaines.

Le Centre constate, à travers les dossiers dont il dispose, une recrudescence claire des faits de violence à caractère raciste ces dernières années, entre autres à Schaerbeek (meurtre raciste en mai 2002), Wilrijk (agression à l’encontre d’une personne juive en juin 2004), Broechem (agressions envers des demandeurs d’asile dans un Centre ouvert en juillet 2004), Tirlemont (faits de violence raciste en mai 2005), Zellik (agression à caractère raciste dans une station essence le 27 avril dernier), Bruges (violence raciste commise par des skinheads le 7 mai dernier), …

Il revient aux autorités judiciaires de mener les enquêtes et de déterminer si un mobile raciste a présidé, ou non, à la commission des actes criminels. Ce mobile ne peut se déduire, en soi, du seul fait que les présumés auteurs et les victimes sont d’origines différentes. Cependant, c’est un élément que les enquêteurs devront prendre en considération. Les autorités judiciaires se sont d’ailleurs dotées récemment d’instruments visant à mieux appréhender et enregistrer cette forme de criminalité. Le 21 mars 2006, le Collège des procureurs généraux a signé une nouvelle circulaire ayant pour objectif d’identifier les motifs racistes ou xénophobes de certaines infractions, ce qui devrait permettre de disposer d’une image plus fidèle du phénomène. Cet encodage aidera également les parquets à mieux poursuivre ces délits. Par ailleurs, des magistrats de référence « racisme » on été nommés par arrondissement judiciaire pour donner suite à ces dossiers.

L’incitation à la haine, à la violence et à la discrimination n’est pas seulement passible de poursuites au regard de la loi belge (loi antiracisme de 1981), mais aussi au regard de directives et traités internationaux. Si le « discours de haine » est sanctionné, ce n’est pas seulement parce qu’il constitue une atteinte à l’honneur et à la dignité de personnes ou de groupes qui en sont les victimes. C’est aussi parce qu’un tel discours nourrit et provoque des passages à l’acte qui peuvent se révéler dramatiques. C’est pourquoi la banalisation de ce discours, comme de toute discrimination, est inacceptable.

Le Centre appelle toutes les composantes de la société au respect mutuel et à l’expression pacifique de son émotion et de son indignation. L’apprentissage de la vie dans notre société interculturelle demande un véritable travail, parfois difficile, mais indispensable, pour construire une société où chacun, sans exception et sans exclusion, peut trouver sa place.

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