Journée internationale des Roms: Le Centre met l’accent sur la sensibilisation

8 Avril 2013

Un an après le lancement de la Stratégie nationale pour l’intégration des Roms, ceux-ci restent victimes de discrimination en Belgique aussi et se voient largement exclus d’une réelle participation à la vie sociale, économique et politique de notre pays. A l’occasion de la Journée internationale des Roms (8 avril), le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme attire l’attention sur les formes de discrimination auxquelles ils sont confrontés en Belgique.

Exclusion sociale des Roms

Selon les estimations, sur les 12 millions de Roms vivant en Europe, 30.000 résideraient en Belgique. Si le mode de vie de la majorité d'entre eux ne diffère pas de celui du reste de la société, ils restent confrontés à des problèmes spécifiques, qui peuvent concerner leur droit au séjour mais aussi l’accès à l’emploi, à l’enseignement, aux soins de santé et au logement. Leurs conditions de vie dépendent fortement des conditions de séjour dans lesquelles ils se trouvent, mais restent souvent caractérisées par la pauvreté et l’exclusion sociale. 

Discrimination des Roms

En 2013, le Centre a ouvert 7 nouveaux dossiers concernant des faits présumés de discrimination à l'encontre de personnes roms. Entre 2009 et 2012, il en avait ouvert un total de 31, dont près de la moitié (14) avaient trait à la cyberhaine (propos d’incitation à la haine, la violence ou la discrimination). « Ces dossiers sont sans doute peu représentatifs de la discrimination qui touche ces populations au quotidien dans l’emploi, le logement, l’enseignement,… Mais ils témoignent largement des stéréotypes qui les concernent et dont ils subissent quotidiennement les conséquences. Ils montrent aussi combien ces stéréotypes sont tenaces et parfois volontairement entretenus », précise Edouard Delruelle, directeur adjoint du Centre. « Des mails en chaîne continuent également à circuler et à véhiculer des messages de haine, repris à leur tour sur les médias sociaux tels que Facebook et Twitter. Ils entretiennent les malentendus, l’indifférence ou le rejet. » Les autres dossiers traités par le Centre sont d’ailleurs aussi directement liés à des préjugés persistants et des situations d’exclusion sociale.

« Ces dossiers ne représentent que la partie émergée de l’iceberg », rappelle aussi Edouard Delruelle. Le sous-rapportage des situations de discrimination vécues par les Roms auprès d’institutions habilitées à les assister est dû à plusieurs facteurs, dont leur situation d’exclusion elle-même, la méfiance à l’égard des autorités, la non-activation de certaines mesures légales de protection,… Mais d’autres facteurs plus spécifiques interviennent également : la solidarité familiale comme filet de protection privilégié, un comportement qu'on peut qualifier de « survie », la peur de la police, l’angoisse de susciter plus de problèmes en cas de dépôt d’une plainte,…

C’est la raison pour laquelle le Centre développe avant tout son action en collaboration avec des acteurs de terrain, qu’il sensibilise à la législation antidiscrimination : médiateurs, travailleurs de rue, points de contact locaux,… (voir encadré)

Sensibiliser à la loi Antidiscrimination

Depuis 2012, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme dispense des formations sur la loi Antidiscrimination auprès de médiateurs roms, dans le cadre de formations plus larges organisées par le Centre de Médiation des Gens du Voyage et des Roms en Wallonie et le bureau européen d'information des Roms. La démarche s’inscrit dans le programme ROMED (Médiation pour les Roms), lancé en janvier 2011 dans le cadre de la mise en œuvre de la déclaration de Strasbourg sur les Roms. 

 « Nos objectifs sont doubles : établir ou rétablir le lien entre les Roms et les instances publiques habilitées à défendre leurs droits, via des intermédiaires et facilitateurs sur le terrain ; et mieux faire connaître la législation antidiscrimination et le rôle du Centre afin de promouvoir l’exercice effectif de ces droits. »