De la situation de handicap
La dernière chronique de Claude Javeau et la lettre ouverte d’Annick Hovine publiées dans les colonnes de La Libre Belgique donnent l’occasion au Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme de rappeler certains principes essentiels en matière de droits fondamentaux et de respect de toute personne.
L’assemblée générale des Nations-Unies adopte la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, juste après la deuxième guerre mondiale. Les atrocités commises au cours du conflit étaient dues en grande partie à la distinction instaurée par certains régimes entre les humains et les non-humains, entre tous ceux qui répondaient aux critères définissant l’Humanité et tout ce qui ne correspondait pas à cette catégorie, les moins qu’homme. De nombreuses autres conventions et pactes ont été adoptés ultérieurement traduisant, en droit, cet engagement universel.
La Déclaration de 1948 pose ainsi comme principes de base dans ses deux premiers articles que :
« [t]ous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. [Qu’i]ls sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
«[c]hacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la […] Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »
En 2006, l’Assemblée générale des Nations Unies vote la Convention des Nations relative aux droits des personnes handicapées. Celle-ci est ratifiée par la Belgique en 2009. Les Nations Unies, soucieuses de rédiger un texte qui saisisse de la manière la plus proche la situation des personnes handicapées, décident de proposer une définition du handicap qui ne soit plus médicale et individuelle mais systémique et sociale. Le handicap n’est plus une faiblesse ou une diminution propre à certains individus mais le résultat de l’interaction entre une limitation que présente une personne et les obstacles qu’oppose la société à la participation de cette personne. Au sens de la Convention, on parlera donc plus justement d’une personne en situation de handicap.
Fidèle à l’esprit de 1948, ce sont bien les principes de dignité inhérente à toute personne humaine – qu’elle soit ou non en situation de handicap –, de respect de la diversité et d’inclusion que défend cette Convention : toute personne, toute personne en situation de handicap, quel que soit le handicap, quels que soient ses « postures » ou ses « gestes » (pour reprendre les termes de Claude Javeau), quelle que soit la forme de son visage, de ses jambes ou de ses bras, quelle que soit la façon dont elle s’exprime, quelle que soit la façon dont elle raisonne, appartient à la communauté des humains et a, à ce titre, une histoire et un entourage, une existence qui n’a pas de prix.
Ce qui fait de la personne en situation de handicap un « handicapé », c’est avant tout le regard qu’on porte sur elle, puis qu’on détourne rapidement. Ce qui handicape, c’est surtout la condescendance, le paternalisme et la charité.
« Naître égaux en dignité et en droits, sans distinction de naissance ou de toute autre situation » sont les principes de base d’un vivre-ensemble respectueux de tous les individus.
C’est ce qui fait de la Belgique un pays démocratique dans lequel nous voulons vivre. Ce sont les valeurs que soutient le Centre.
En 2011, le Centre a été désigné comme mécanisme indépendant pour veiller à l'application de la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées.
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