Notre réponse officielle à Joods Actueel

24 Février 2017

Voici la réponse d'Unia suite à la polémique née de la publication d'un mail interne par Joods Actueel.

Dans le cadre d’un dossier pour antisémitisme (*), Unia avait saisi le Parquet en se déclarant personne lésée. Il souhaitait de la sorte pouvoir être informé de l’issue de l’enquête. Ayant pris connaissance du dossier judiciaire, Unia a estimé qu’il ne comportait  pas suffisamment d’éléments à charge des personnes poursuivies pour une application de la législation contre le racisme. Il ne s’était donc pas constitué partie civile.

Le Parquet a saisi le tribunal correctionnel qui a condamné cette semaine une des personnes poursuivies et en a acquitté deux autres. C’est en répondant à une demande de réaction de Joods Actueel, par e-mail, qu’Unia a adressé, par erreur, un échange interne sur ce dossier et qui n’avait pas vocation à devenir public. " Nous avons répondu à Joods Actueel que nous voulions prendre connaissance du jugement avant de réagir officiellement. Il est en effet difficile de prendre attitude sans avoir connaissance de sa motivation précise. Il nous paraissait également important de savoir s’il y avait appel ou non contre cette décision", avance Patrick Charlier.

Sans éléments permettant une mise en contexte, Joods Actuuel a alors décidé de rendre public ce courriel interne en pointant nommément un collaborateur d’Unia.

Unia regrette cette publicité d’autant qu’aucune faute ne peut lui être adressée.

A la demande la direction, il a remis un avis sur base des informations dont il disposait.  " Une consultation des collaborateurs sur un dossier ou sur une thématique quelconque fait partie du travail ordinaire d’Unia.  La construction, de manière collective et au regard de l’expertise de chaque collaborateur, est là pour nourrir la réflexion et permettre de préparer une réponse publique à une question qui est posée ; il est logique que des avis ou interprétations notamment sur la question du discours de haine soient divergents. Nous comprenons cependant que la forme et le contenu du courriel interpellent Joods Actueel et le Forum der Joodse Organisaties " selon Patrick Charlier, directeur d'Unia.

La question du discours de haine

Ce dossier illustre les divergences d’approche qui existent sur la manière d’interpréter et d’appréhender le discours de haine. Unia a développé sa stratégie dans un document qui pose pour principe la liberté d’expression, même pour les propos qui heurtent, qui choquent et qui inquiètent. Cela étant, ce n’est pas parce qu’Unia estime qu’une réponse judiciaire n’est pas fondée qu’il ne faut rien faire, que du contraire. C’est ainsi que nous avons récemment publié, sur notre site des propositions pour permettre à chacun de réagir à des discours de haine, singulièrement sur internet et les réseaux sociaux.

"Nous savons que plusieurs organisations, représentatives de différents groupes, juifs, holebis, afro-descendants, roms et gens du voyage, musulmanes, etc … ne partagent pas toujours cette approche et décident de saisir la justice.  C’est évidemment leur droit le plus strict et in fine, il revient aux cours et tribunaux de trancher ".

Antisémitisme

Unia tient à rappeler son engagement, sans ambiguïtés, dans le combat contre l’antisémitisme. Dans ce combat, les organisations juives jouent un rôle crucial. La direction d'Unia a d'ores et déjà invité les organisations juives à une rencontre pour une discussion franche et constructive.

Pour rappel, Unia était partie dans plusieurs dossiers qui ont mené des condamnations pour antisémitisme ou négationnisme.  A titre d’illustration, voici un liste de décisions intervenues entre 2014 et 2017:

- Tribunal correctionnel de Malines, autocollants des « Autonome Nationalisten » sur la façade de la Kazerne Dossin, mars 2016.

- Tribunal correctionnel de Liège, novembre 2015 (antisémitisme et négationnisme, affaire Dieudonné), confirmé en appel, janvier 2017.

- Tribunal correctionnel de Liège, décembre 2015 (négationnisme, professeur d’allemand).

- Tribunal correctionnel de Bruxelles, juin 2015 (négationnisme, Laurent Louis).

- Tribunal correctionnel d’Anvers, juin 2015 (négationnisme, site web).

- Tribunal correctionnel de Gand, novembre 2014 (négationnisme et appartenance à un groupe, BBET, confirmant une décision du tribunal correctionnel de Termonde, février 2014).

(*) Une personne a été condamnée à payer 600 euros d'amende et à une peine conditionnelle de six mois pour propos antisémites tenus en marge d'une manifestation pro-palestinienne en 2014 à Anvers.