Cinq ans après la ratification de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées : « Une mauvaise note pour la Belgique »
Les recommandations de l’ONU rencontrent les préoccupations du Centre
La Belgique a encore du chemin à parcourir avant que soient pleinement garantis les droits des personnes en situation de handicap. C’est ce qu’a conclu le Comité des Nations Unies des droits des personnes handicapées, composé d'experts du monde entier en matière de handicap, dans son premier rapport d’évaluation sur notre pays. « Le rapport est parfaitement clair : notre pays est mauvais élève » déclare Patrick Charlier, directeur adjoint du Centre interfédéral pour l’égalité des chances.
En 2009, la Belgique a ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. En 2011, la Belgique a remis son premier rapport étatique au Comité des Nations Unies. Ce rapport se penche sur ce que les autorités belges (flamandes, wallonnes, germanophones, bruxelloises) ont réalisé conformément à leurs engagements.
Dans le cadre de sa mission de mécanisme indépendant chargé du suivi de la Convention des Nations Unies, le Centre interfédéral pour l'égalité des chances a remis cette année un rapport parallèle au Comité des Nations Unies qui relève les difficultés et priorités qu’il voulait mettre en avant.
Dans ce cadre, le Centre a souligné les problèmes structurels liés à l'accessibilité à la vie en société des personnes en situation de handicap. Patrick Charlier précise que « les personnes en situation de handicap doivent toujours demander une assistance 24h00 à l’avance si elles souhaitent prendre le train. De plus, si quelques lignes de bus sont intégralement accessibles sur notre territoire, ces exemples restent marginaux ».
Le Centre a également souligné la sous-représentation, sur le marché du travail, des personnes en situation de handicap : « le taux d’emploi n’est que de 36% pour les personnes en situation de handicap alors qu’il est de 67% pour les personnes ne présentant pas de handicap ». Il est également revenu sur les efforts à poursuivre en matière d’enseignement inclusif et a rappelé la détresse dans laquelle se trouvaient certains internés en Belgique . « Même suite à l’ouverture de deux nouveaux centres médico-légaux à Gand et à Anvers, nombre d’internés continuent de séjourner en prison » ajoute Patrick Charlier.
Le Comité partage bon nombre de préoccupations du Centre et des organisations de la société civile belge comme le GRIP et Belgian Disability Forum, qui ont également présenté un rapport alternatif et critique envers notre gouvernement. Le Comité demande, en particulier, que des mesures soient prises concernant l’inaccessibilité à la vie en société, via la mise en place de plans d’accessibilité à tous les niveaux « Cinq ans après la ratification de la Convention des Nations Unies, il est largement temps d’y travailler », conclut Patrick Charlier « si nous ne voulons pas, en 2019 lors de la prochaine évaluation, être à nouveau mis au pilori par le Comité des Nations Unies ».
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